Vous pourrez bientôt trouver ici toutes sortes de documents relatifs au sculpteur Pierre Feitu et à ses œuvres. Vous pourrez également vous rendre directement à différentes rubriques en cliquant sur les liens ci-dessous :
RAISON D’ÊTRE DE CE SITE
POUR ALLER PLUS LOIN…
(…ou comment nous en sommes arrivés à nous intéresser à ce grand-oncle sculpteur dont nous ne savions pratiquement rien)
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RAISON D’ÊTRE DE CE SITE
CE SITE WEB A POUR BUT D’ÉVOQUER LA VIE du sculpteur PIERRE FEITU ET DE PRÉSENTER UN ASSORTIMENT REPRÉSENTATIF DE SES ŒUVRES DIVERSES ET VARIÉES. CETTE APPROCHE, ÉMAILLÉE D’IMAGES ET DE TÉMOIGNAGES, SOUHAITE FAIRE CONNAÎTRE AU PLUS GRAND NOMBRE SA CARRIÈRE artistique ET SON TALENT AUX MULTIPLES FACETTES.

Une autre raison d’être de ce site Web est de sensibiliser à la préservation du patrimoine en péril que constituent les fragiles œuvres de Pierre Feitu encore existantes.

En effet, les ravages du temps ont fait qu’il ne subsiste à ce jour au château Le Cerf de Mûr-de-Bretagne qu’une vingtaine d’œuvres stockées dans des conditions précaires et seulement accessibles au public sous conditions. Heureusement, de nombreuses œuvres de Pierre feitu sont encore visibles de par le monde !

Nous sommes ouverts à toute suggestion ou initiative qui pourrait faciliter leur rayonnement et aller dans le sens de leur pérennisation.

POUR ALLER PLUS LOIN…
(…ou comment nous en sommes arrivés à nous intéresser à ce grand-oncle sculpteur dont nous ne savions pratiquement rien)
Les écarts d’âge sont inhabituellement importants dans la famille Feitu. Il en résulte que nous, les neveux et nièce du sculpteur, ne disposions que de peu de renseignements, voire d’aucune information transmise oralement au sein de la lignée familiale au sujet de ce grand-oncle relativement éloigné de nous dans le temps. Les racines de notre famille paternelle se répartissent entre le cœur de la Bretagne (secteur de Pontivy) et la côte d’Émeraude (Saint-Malo, notamment le quartier de Saint-Servan, commune indépendante à l’époque). C’est à peine si nous avions vaguement entendu parler d’un « point d’ancrage familial » à Mûr-de-Bretagne. Concernant plus précisément notre grand-oncle, nous ne pouvions nous raccrocher au mieux qu’à quelques bribes de souvenirs, à un sourire fugace lors d’une évocation à peine esquissée, à la mention faite en passant de quelques œuvres, tout au plus.

Le seul document palpable auquel nous avions accès à l’origine était un album de photos – que Pierre Feitu avait composé pour sa mère – représentant certaines de ses œuvres. Ultérieurement, grâce à l’avènement d’Internet, Franck Feitu, cité plus haut, a pu acheter, sur un site anglais, un livre de Louis Tenars consacré au sculpteur. Finalement, Emma, l’une des filles d’Isabelle, est parvenue à acquérir, à son tour, un autre exemplaire du même ouvrage qu’elle a offert à sa mère).

Quelle n’a pas été notre surprise de découvrir, un beau jour, un article du quotidien Ouest-France, daté du 15 juin 2017, évoquant la mémoire de notre obscur parent Pierre Feitu (par obscur, je veux dire pratiquement inconnu de nous) !

À la suite de cette parution, nous avons décidé de jeter une bouteille à la mer en direction des personnes mentionnées dans cette coupure de presse, initiative à la suite de laquelle nous avons été très aimablement accueillis par les membres de l’atelier d’arts plastiques de Mûr-de-Bretagne, en l’occurrence par Mme Aymé, en sa qualité de responsable, par M. Peter Johnson, photographe et par les autres adhérents. Lors de cette première visite à Mûr, nous avons été stupéfaits de constater qu’il existait encore sur place, effectivement, des œuvres dont nous ignorions l’existence !

Malheureusement, il ne s’agissait pas d’une large collection des monuments les plus grandioses et les plus imposants de Pierre Feitu (à l’image de certaines pièces visibles de par le monde), ni de ses statues les plus prestigieuses et les plus robustes (à l’instar de ses sculptures faites de bronze et de marbre qui défient le temps aux États-Unis, au Mexique et ailleurs), mais d’un ensemble de bustes en plâtre plus modestes et plus fragiles dont certains nous étaient apparus discrètement dans la photo qui illustrait la coupure du quotidien. C’est précisément la mention, dans cet article, de ces œuvres encore tangibles et présentes malgré tout dans la commune natale du sculpteur qui a piqué notre curiosité et nous a incités à nous rendre à Mûr.

Un deuxième pas décisif sur le chemin de la création de ce site web a été franchi lors de notre rencontre avec deux véritables passionnés, deux fans inconditionnels de Pierre Feitu et de son œuvre, à savoir M. Joël Le Pape et Mme Laurence David sur lesquels nous pouvions désormais compter pour nous guider sur la voie de « l’exhumation » de la mémoire du sculpteur.

Si nous n’entreprenions pas pour nous-mêmes une tentative de « résurrection » pour raviver le souvenir de l’artiste, nous (dont la seule légitimité était de porter le même patronyme que lui), nous nous devions de le faire pour eux.

En définitive, le fait de porter le même nom de famille que Pierre Feitu était plutôt un inconvénient car il pouvait aisément nous être signifié – voire reproché – que le sculpteur pouvait susciter notre intérêt au seul motif qu’il « était de notre famille » sinon à quoi bon, pourquoi diable remuer la poussière ?

Ainsi, pour couper court à d’éventuelles insinuations d’intérêt uniquement partisan et familial, M. Joël Le Pape aura été notre moteur et notre caution morale, ainsi que Mme Laurence David. Ils sont l’un et l’autre d’extraordinaires chercheurs passionnés et passionnants, chacun menant une quête dans son domaine de prédilection : pour sa part, Joël creuse inlassablement ses méninges fertiles pour en faire jaillir un fourmillement d’idées afin de faire avancer la cause ; Laurence, quant à elle, mène une recherche minutieuse, presque infinie, au fil des pages d’innombrables articles mentionnant le sculpteur, sa vie et son œuvre. Ainsi, des centaines d’articles ont été collectés et classés par ses soins.

ARTICLES DE PRESSE ET ENTREFILETS
ARTICLES DE PRESSE ET AUTRES ÉCRITS REMARQUABLES
Dans son numéro publié en Octobre 2025, La Grenouille (voix de Cheverny et Cour-Cheverny) a eu l’amabilité de consacrer l’article ci-dessous à Pierre Feitu :


LA scène SUIVANTE, révélatrice du tempérament fougueux et des méthodes de travail de Pierre Feitu, se déroule Apparemment dans son atelier de Paris.
VOUS TROUVEREZ LA TRADUCTION EN FRANÇAIS à LA SUITE DU TEXTE EN ESPAGNOL.


Traduction…
Aussi longtemps que le peuple de Paris rugit sur les places publiques, se livrant à des manifestations politiques d’une violence incohérente, moi, je me réfugie dans l’atelier de Pierre Feitu, le sculpteur psychologue qui travaille actuellement sur un buste de Montoya.
Feitu a vécu en Espagne. À Almería, il y a quelques années, il a fondé une école de sculpture grâce à des subsides municipaux. À Barcelone, il a modelé quelques bustes de femmes.
Mais lorsqu’il voulut faire une Vénus, faute de trouver dans toute la péninsule (ibérique) une jeune fille disposée à se dévêtir devant lui pour lui servir de modèle, il rentra à Paris.
« Ce que je regrette le plus, me dit-il, c’est de ne pas avoir pu continuer à donner des leçons à un jeune garçon d’Almería appelé Armando Ruiz dont le tempérament artistique était une merveille… Armando Ruiz !… Qu’a-t-il bien pu devenir aujourd’hui ? Se pourrait-il qu’il travaille encore dans la sculpture ? Peut-être que non. Là-bas, il n’y a pratiquement pas d’intérêt pour la culture de cet art… À Paris, en revanche, il se serait assurément trouvé des admirateurs et à vingt-cinq ans, il serait passé maître. »
Je lui réponds en l’assurant que je vais supplier Bernardo Rodríguez de passer une petite annonce pour s’enquérir du lieu où Ruiz peut se trouver.
Mais il ne m’écoute déjà plus. Travaillant fébrilement, les mains pleines d’argile et l’ébauchoir entre les dents, il semble s’acharner sur la ligne sinueuse des lèvres qu’il a sculptées et qui changent d’expression à chaque instant entre ses doigts agiles et nerveux.
« Prenez un air sérieux ! » Montoya fronce les sourcils.
Le sculpteur crie de nouveau :
« Non, pas comme ça… plus sérieux !… »
Montoya ne sait pas comment faire pour paraître plus sérieux.
Le sculpteur se met en colère.
Le modèle sourit.
Et le travail se poursuit en silence tandis que, dans la rue, le peuple vocifère rageusement contre les Juifs et contre les Chrétiens.
Feitu est un artiste amoureux du mouvement et de l’expression. Pour lui, la ligne n’est rien, le rythme est beaucoup plus important. Selon ses théories, la ligne doit surgir de l’expression et de l’attitude sans que le sculpteur ait à prendre la peine de la rechercher. Au lieu de demander à ses modèles de demeurer immobiles, il leur ordonne de marcher, de parler, d’être « vivants » devant lui, en somme, pour pouvoir les suivre dans l’infinie variété de leurs attitudes et manières chargées de sens.
Au bout d’une demi-heure de labeur silencieux, en se tournant vers Montoya, il s’exclame : « Parlez ! »
Montoya parle de Félix Faure.
L’artiste l’interrompt : « Non, ne parlez pas de politique parce que vous allez prendre une physionomie imbécile. Parlez d’art ou mieux, récitez les vers d’un poète disparu… »
« Si vous dites les vers d’un ami, la jalousie va se lire sur votre mine ; si vous vous lancez dans des discours théoriques, vous aurez l’air fat ; si vous déclamez des chansons, vos traits seront défigurés par l’orgueil… Ainsi donc, récitez les vers d’un maître, de Homère si ça vous chante ou de Victor Hugo… quelque chose de très éloigné et de purement poétique, bref… Mais parlez, par tous les saints du paradis !… »
Alors que je suis sur le point de partir, Feitu me dit : « Quand j’aurai terminé ce buste, je commencerai un médaillon de vous… votre profil d’empereur romain m’intéresse. »
Montoya interprète mes effrayantes réflexions en s’exclamant : « Pauvre Carrillo entre les griffes de ce barbare !… »
Source : Sensaciones de París y de Madrid de Enrique Gómez Carrillo, pages 76, 77 et 78, Universidad Autónoma de Nuevo León/Université du Nuevo León http://cdigital.dgb.uanl.mx



Coupure de journal annonçant le classement d’une course automobile disputée la veille à Saint-Gaudens, nommée Coupe Pierre Feitu

Coupure de journal annonçant le classement d’une course automobile disputée la veille à Saint-Gaudens, nommée Coupe Pierre Feitu

Long article en anglais au sujet de la restauration de la statue « Fame » (la Célébrité) du monument élevé dans le parc Joyce Kilmer dans le Bronx à New York en mémoire de Louis J. Heintz, article rédigé par le journaliste John Freeman Gill, paru dans le New York Times le 22 janvier 2021. Vous en trouverez, plus bas, la traduction intégrale en français.










































Traduction de l’article rédigé par le journaliste John Freeman Gill, paru dans le New York Times le 22 janvier 2021.
Dans le Bronx, un Visage Effacé par le Temps
par JOHN FREEMAN GILL
La statue de bronze de « Fame » (la Célébrité) située dans le parc Joyce Kilmer, vandalisée à de multiples reprises, est sur le point de réintégrer son emplacement cette année, avec une nouvelle tête, de nouveaux bras et de nouveaux pieds, sans même que l’on ait souvenir de ce à quoi ressemblait son visage originel.

Mémorial en souvenir de Louis J. Heintz, un commissaire préposé à la voirie du Bronx impliqué dans la création du Grand Concourse de l’arrondissement, photographié aux alentours de 1915. Dans les années 1970, la statue allégorique de Fame fut enlevée du monument afin d’être remisée en lieu sûr pour assurer sa bonne conservation, mais des voleurs s’introduisirent dans le dépôt où elle avait été entreposée et lui coupèrent la tête, les bras et les pieds. Elle est à présent en cours de restauration.
Pour tout un chacun, la célébrité est amenée à s’évanouir au fil du temps, mais dans le cas de Louis J. Heintz, un commissaire préposé à la voirie de la ville de New York autrefois renommé, la blessure s’est ajoutée à l’outrage d’un anonymat toujours grandissant. Au cours des décennies après qu’un mémorial fut dédié en 1909 à Heintz dans un parc du Bronx, la gracieuse silhouette allégorique en bronze de Fame qui ornait le monument souffrit de multiples violations auxquelles il n’a été porté remède qu’actuellement.

La gracile statue féminine se tenait originellement sur les marches du monument, tendant le bras en l’air afin d’inscrire de nobles paroles sur le piédestal de granit supportant la statue de Heintz. Dès 1935, la palme que tenait Fame se désolidarisait de sa main et les autorités de la ville, constatant qu’elle prenait du jeu, l’ôtèrent, jugeant qu’elle constituait désormais « une proie facile pour les vandales ».
En 1971, la plume en bronze de Fame lui fut ravie. Plus tard, alors qu’elle ne faisait de mal à personne dans son coin du parc Joyce Kilmer, elle souffrit à nouveau de suffisamment de dommages pour qu’elle en soit soustraite pour sa propre sécurité. Mais en 1980, alors qu’elle se trouvait dans un entrepôt municipal au Rice Memorial Stadium dans le Bronx, des voleurs s’y introduisirent et l’amputèrent violemment de sa tête, de ses bras et de ses pieds.

À présent, Fame est finalement en cours de restauration, mais ce projet s’est avéré singulièrement épineux vu que personne ne sait à quoi ressemblait le visage de la statue décapitée. En effet, comme elle faisait face à la base du monument, toutes les photos connues montrent uniquement Fame de dos. Et il se trouve que la Public Design Commission, l’agence municipale qui a autorité en matière d’art sur le territoire détenu par la ville, avait une conception de Fame différente de celle de John Saunders, l’artiste chargé de remodeler de ses mains l’argile destinée à constituer sa nouvelle tête.

John Saunders, le sculpteur-conservateur du service des parcs, avec la tête restaurée de Fame, un ouvrage en cours, en décembre. Il dit que le fait de changer les traits du visage de Fame en conformité avec les recommandations de la Public Design Commission, c’était comme travailler à la façon d’un artiste composant les portraits-robots à l’usage de la police. Pour l’heure, la tête de Fame « n’exprime aucune spiritualité », dit-il.
Dans un premier temps, Mr Saunders réalisa un visage fin, élégant, inspiré de celui d’un ange qu’il avait confectionné précédemment pour un client privé. Mais la commission estima son aspect trop contemporain. Après deux allers et retours, le sculpteur, prenant en compte les réactions exprimées dans ces échanges, adapta les traits du visage de Fame. Malheureusement, sa tête fut alors soumise à une phase de transition dans laquelle Mr Saunders, le directeur responsable de la conservation des monuments au sein du service des parcs depuis 2007, déclara : « Je ne l’aime pas vraiment. À ce stade, elle manque d’âme, d’une touche de spiritualité susceptible de susciter dans le public un sentiment d’exaltation, de l’inspiration ».

Heintz, un Allemand-Américain né pour faire fortune, fit ses débuts dans la brasserie du Bronx de son oncle. Animé de bon sens, il épousa la fille d’un brasseur millionnaire et, en 1890, il fut élu au poste de premier commissaire chargé de l’amélioration de la voirie des 23e et 24e circonscriptions de la ville de New York, un quartier du Bronx qui avait été rattaché à la ville en 1874. Avant de mourir de pneumonie en 1893, Heintz participa à la mise en œuvre de la construction du Grand Concourse, le grand boulevard aménagé en hauteur le long d’une crête orientée nord-sud à travers l’arrondissement.


La statue de Heintz aujourd’hui dans le parc Joyce Kilmer. La silhouette allégorique en bronze de Fame était à l’origine représentée en train d’inscrire de nobles paroles sur le piédestal de granit. Heintz et Fame (Célébrité) sont sur le point d’être réunis cette année après plus de quatre décennies de séparation.

L’homme retenu pour réaliser l’ensemble statuaire du mémorial de Heintz fut le sculpteur français Pierre Feitu, membre du Salon de la Société Nationale des Beaux-Arts de Paris qui, ultérieurement, créa les sculptures du mémorial français érigé en hommage au sculpteur Augustus Saint-Gaudens élevé à New York.
À l’inauguration du Grand Concourse en 1909, les dignitaires prononcèrent leurs discours depuis les marches du mémorial Heintz. En vue de la restauration actuelle, les conservateurs ont confectionné un moule en plâtre de ces marches et de la partie basse du piédestal qu’ils ont placé dans l’atelier du service des parcs sous le Brooklyn War Memorial dans Cadman Plaza Park. Ensuite, ils ont fait pivoter le torse de Fame d’un poids de sept cents livres (soit près de trois cent cinquante kilos) à l’aide d’une petite grue afin de déterminer l’orientation convenable de la statue.


Mr Saunders, le directeur responsable de la conservation des monuments du service des parcs, tient un moulage en plâtre du pied de Fame.
« Elle n’avait ni bras, ni pieds, elle n’était qu’une vaste masse flottant dans les airs, alors, parvenir à la rattacher au moule du monument était le plus difficile des défis, » dit Mr Saunders, « si elle penchait en arrière, l’effet visuel serait affreux, comme si elle était éméchée en écrivant ces mots. »

Feitu sculpta Fame sous l’apparence d’une femme vigoureuse d’une stature comparable à celle de Mr Saunders de six pieds de haut (environ 1,80 m), ce qui permit au conservateur de prendre ses propres bras en exemple pour déterminer la longueur de ceux de la statue. En guise de référence pour leur donner un galbe convenablement féminin, il fit le moule du bras d’une stagiaire nommée Odette Blaisdell. Les bras et les pieds qu’il modela en argile furent ensuite coulés en bronze à la fonderie d’art Bedi-Makky dans le quartier de Greenpoint à Brooklyn.

Jonathan Kuhn, le directeur de la section Art et Antiquité du service des parcs dit que lorsqu’il a pris son poste en 1995, une douzaine de sculptures environ se languissaient au fond d’une remise. Bénéficiant du programme de conservation des monuments Citywide lancé en 1997 sous la forme d’un partenariat public-privé, toutes ces statues sauf Fame ont depuis lors été restaurées et de nouveau exposées. Une lionne en bronze est rentrée chez elle au zoo du Prospect Park avec ses lionceaux. Un soldat américain de la Première Guerre mondiale dont le casque avait été enfoncé et la baïonnette volée, avait été renvoyé « à la vie civile » au Macombs Dam Park et un lanceur de disque qui avait été violemment agressé, avait subi une importante opération chirurgicale et s’en était retourné au Parc de Randalls Island. « Le discobole avait perdu son disque et ses parties intimes, » explique Mr Kuhn, « nous avons trouvé un moulage en plâtre de son pénis dans notre zone de stockage et nous sommes en mesure de le refondre très fidèlement ainsi que ses bras et son disque. »

Rendre un visage à Fame s’est avéré une autre paire de manches.

Au commencement, Mr Saunders a sculpté une version fine et élégante du visage de Fame. Après avoir visualisé l’ébauche qui lui avait été soumise, comme illustrée ci-dessus, en avril 2019, le groupe consultatif du service Conservation de la « Design Commission » jugea que le visage devait être plus joufflu, avec un nez plus droit et des lèvres plus minces, à l’image des sculptures allégoriques typiques des premières années du vingtième siècle.

Nous nous efforçons de nous inspirer de l’esthétique de l’époque afin que la version définitive ressemble le plus possible à l’œuvre initiale de l’artiste « et évoque l’esthétique du début du vingtième siècle, » dit Mr Kuhn, « en l’occurrence, étant donné que nous ne savons pas à quoi elle ressemblait, la perfection est hors de notre portée. »
À titre de référence, des photos représentant d’autres œuvres de Pierre Feitu ont été réunies, mais Mr Saunders a trouvé qu’elles n’étaient pas d’une grande aide. Les statues allégoriques étaient « d’un style complètement différent, » dit-il « vu que la représentation du buste d’une femme d’âge moyen n’était pas nécessairement très parlante car l’art du portrait diffère très sensiblement de celui des représentations allégoriques. »
L’approche qu’il a privilégiée a consisté à « tenter de façonner quelque chose de beau en tant que tel, dans l’esprit de Feitu et de s’en tenir là, » dit-il, mais les membres du groupe consultatif du service Conservation de la « Design Commission » (deux historiens de l’art et un conservateur) ont souhaité que des modifications soient apportées au visage qu’il avait sculpté.

Le groupe « remarqua la beauté et la dextérité dans le travail accompli par John Saunders, mais il eut le sentiment que le visage paraissait très contemporain » écrivit dans un e-mail Keri Butler, la directrice exécutive suppléante de la commission. Les membres suggérèrent qu’il se réfère aux autres œuvres de Feitu et « à d’autres œuvres d’art similaires de la même période et dans la même style » a-t-elle ajouté ; les membres recommandèrent que le visage restauré soit plus joufflu, avec un nez plus droit et des lèvres plus minces, à l’image des sculptures allégoriques typiques des premières années du vingtième siècle.

Mr Saunders obtempéra, mais il fit remarquer que le fait d’exécuter de telles instructions spécifiques revenait à travailler comme un artiste composant un portrait-robot pour la police.
« Vous savez comment sont ces dessins, il se peut qu’ils ressemblent à la personne, mais ils ont cet aspect ébauché qui fait qu’ils n’ont pas vraiment l’air d’un véritable portrait, » dit-il, « il me semble que la tête a un peu quelque chose de cette caractéristique-là. »
Ms Butler déclara que l’avis de la Design Commission (après examen) était un « effort collégial » résultant de « dialogues avec le service des parcs et avec d’autres parties prenantes et qu’il n’était pas normatif. » Ce à quoi Mr Kuhn du service des parcs ajouta que son agence était d’accord avec les suggestions de la Commission.
Mais à l’entendre, Mr Saunders paraissait contraint par le caractère spécifique de ces directives.

« Il y a une procédure pour examiner (mon travail) et il y a des gens au-dessus de moi qui décident de ce qui devra être réalisé au bout du compte. » Et il ajoute : « Vu comment ces choses se déroulent, d’une certaine façon, j’ai dû quelque peu « divorcer de ma conception de l’esthétique et me dire simplement “ bon, c’est comme ça, je ne suis qu’un outil. Dites-moi ce que vous voulez et je vais le faire. ” »
Cela étant dit, la restauration est toujours en cours. Lorsque le coronavirus a frappé au printemps dernier, Mr Saunders s’est mis à travailler (depuis) chez lui. Pour ce faire, il s’est rendu dans le Connecticut en voiture avec la tête en argile de Fame inachevée sur le siège du mort à côté de lui, attachée avec une ceinture de sécurité.

La tête d’argile de Fame attend d’être assemblée à son torse d’origine en bronze qui a récemment reçu ses nouveaux bras, en bronze eux aussi. Lorsque la tête sera achevée, un nouveau moulage en bronze en sera fait à destination de la statue et l’ensemble de la sculpture réuni recevra une couche de patine uniforme.

Un beau jour, il y a quelques semaines de cela, il a conduit à nouveau la tête retravaillée â l’atelier de Brooklyn pour l’assembler au corps reconstitué de Fame. Pour la première fois, les moulages en bronze des bras et des pieds de la statue, brillants comme un sou neuf, ont été montés sur le torse verdi par les intempéries. Alors, bien qu’elle ne fût encore qu’une silhouette “ en patchwork ” de morceaux disparates, une grâce certaine dans le mouvement (général) était déjà perceptible.
Mr Saunders grimpa sur une échelle et la tige de métal dépassant du cou de Fame émit un couinement au moment où il fit tourner la tête d’argile pour la positionner sur le cou en bronze. Il se recula et observa l’assemblage impassiblement.

Est-ce que la nouvelle tête manquait de spiritualité, comme le croyait Mr Saunders ?
« Je pense qu’il est en train de peaufiner certains détails, » dit Mr Kuhn, « je m’attarde du regard sur une légère correction du nez. »

Les phases suivantes, une fois la tête terminée, consisteront, premièrement à en fabriquer un moule en caoutchouc, puis de créer un moulage en plâtre à partir de ce moule. Dans la fonderie de Greenpoint, ce moulage sera plongé dans du sable, en en créant ainsi une impression en négatif qui recevra le bronze en fusion. Le produit fini sera une version en bronze de la tête modelée en argile par Mr Saunders.
La tête en bronze de la statue et ses différents membres seront alors soudés à leur place et Mr Saunders donnera à l’ensemble de la sculpture une patine uniforme pour l’assortir à celle de la statue de Heintz.

« C’est un perfectionniste, » dit Mr Kuhn de Mr Saunders. « C’est une bonne chose pour que tout soit fait comme il faut, de façon qu’il soit satisfait ainsi que ceux qui émettent également des commentaires. »
Finalement, dans le courant de cette année, il est prévu que la silhouette allégorique retrouve Heintz dans le Bronx, après plus de 40 ans de séparation.
À l’origine, un goujon unique la fixait au piédestal, alors le projet désormais est de renforcer sa sécurité en la chevillant en trois points. Avec un peu de chance, cette fois-ci, Heintz conservera sa Fame, sa Célébrité intacte.

ENTREFILETS

Salon de lecture


Don du buste de Mme Feitu mère








Crèche de Noël 1930 – Saint-Sulpice – Paris





L’album de l’entr’aide


Exposition au Fusilier marin


Au sujet du buste du duc d’Uzès – Le Gaulois – 16 septembre 1893


Les Gloires contemporaines


Un succès – Buste de Remaekers

AU SUJET DES ŒUVRES…
PLANCHES DE BUSTES
Les deux planches descriptives ci-dessous nous ont été aimablement fournies par la mairie de Mûr-de-bretagne



ŒUVRES AUTHENTIQUES ON NON ?
Il nous a récemment été proposé d’acquérir les deux bas-reliefs figurant ci-dessous, prétendument de Pierre feitu, sans qu’il nous soit toutefois présenté de certificat d’authenticité pour garantir que ce sont bien des Œuvres de lui. Qu’en pensez-vous ?


